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19 avril 2025
La ferme du Cheval du Vent, bien plus qu'une « simple ferme »
Article de Jean-Luc BODEUX paru dans Le Gletton N°579-580 juillet - août 2024
On peut toujours avoir des rêves, qui se concluent parfois par des concrétisations difficiles mais incroyablement ouvertes sur autrui et le monde qui nous entoure avec de la diversité dans le projet. C'est un peu cela la ferme du Cheval du Vent, entre utopie calibrée, réalité concrète, passion folle, bonheur de la convivialité, du partage et de la rencontre tous styles de personnes confondus.
A Ethe, il existe donc une ferme étonnante et même géniale dans son concept et dans son vécu. Le Cheval du Vent est une ferme pédagogique, thérapeutique et sociale qui fonctionne selon les principes de l'agroécologie bio, avec élevage de bovins, d'ovins, 60 ares de maraichage en permaculture, pour prendre soin de la terre et des humains, alors que les bovins de race Galloway et les ovins gèrent des réserves naturelles dans toute la commune. Le maraîchage et les vergers anciens permettent d'alimenter des restaurants et des particuliers.
Installée sur les hauteurs du village en direction de Latour, la ferme du Cheval du Vent est née d'un rêve, celui de Natacha Peignois, un nom on ne peut plus cassîdje ! Prof de français durant 22 ans dans l'enseignement secondaire spécialisé à St-Mard, et un an à l'athénée de Virton, elle était aussi agricultrice à titre complémentaire. « Mon père, Jean-Marie Peignois, professeur et artiste de la forét, a inspiré mon amour pour la nature. Mon beau-père, Alain Jentgès, agriculteur à Epiez-sur-Chiers, m'a formé au niveau agricole. J'ai eu envie de créer une ferme visant l'aspect pédagogique tout en étant une vraie ferme, mais avec un rêve de partage. On l'a donc créée à quatre, avec mon mari d'alors, mon beau-père et mon père. C'était en 2000. Un rêve d'être au milieu des vergers, des prairies fleuries. La ferme aussi par amour des animaux et de la paysannerie. »
Un rêve qui devient ferme avec une vision d'engagement et de protection, du Pommier de Latour jusqu'à la vallée de Laclaireau, des zones de haut intérêt biologique avec prés d'orchidées, zones humides, prés de fauche.
« L'aventure, poursuit Natacha Peignois, aurait pu rester contemplative mais le modèle était aussi celui de l'engagement et de la lutte pour la préservation de la nature. Mon père a créé une section foresterie à l'école de St-Mard, le Prix de la Joumée de l'Arbre, le prix UAB Nature carrières et crons, le prix Henry Ford lié à la gestion des zones humides par du bétail rustique, les débuts de la gestion des réserves naturelles mais aussi et surtout l'implication des élèves dans les projets en pleine nature et par tous les temps, les prémices finalement de l'école du dehors dont on parle aujourd'hui, 20 ans après. Puis j'ai aussi connu Bemnard Van Doren, agent DNF, enthousiaste à souhait pour nos projets, passionné engagé et source intarissable d'apprentissages. »
On le comprend, la ferme du Cheval du Vent n'est pas un lieu comme les autres. et le fait d'avoir vécu en plein air, sans bâtiment, avec un projet pour animaux, mais aussi pour des enfants, des ados et des adultes qui a été bloqué pendant des années pour des raisons urbanistiques et sans doute politiques, lui a causé des difficultés préjudices et des retards qui se vivent encore aujourd'hui. Le bâtiment est là, mais tout ce qui était prévu n'est pas encore réalisé. Mais positivons, comme le concept le veut et qui ne cesse de grandir, dans une vision sportive, thérapeutique, pédagogique et artistique. Et agricole bien sûr.
ferme, auxquels s'ajoutent des étudiants, saisonniers, stagiaires, indépendants dans les domaines agricoles, forestiers ou pédagogique. Une vraie ruche qui gère semis, maraîchage, plantations, compostage, élevage, soins aux animaux tout en étant attentif à l'aspect humain puisque le Cheval du Vent accueille des publics très variés, jeunes et moins jeunes, de tous horizons, handicapés ou non.
Chaque semaine, plus de 130 personnes viennent à la ferme, des groupes et des particuliers, des écoles et des institutions, des crèches et des homes. Dans ce demier cas, la ferme rend en effet visite aux aînés, dans leurs chambres en maison de retraite!, avec quelques-uns de ses animaux, car ceux-ci calment et aident dansles soins, notammentpsychologiques. Le Cheval du Vent est d'ailleurs une ferme d'agriculture sociale, membre de la Plateforme wallonne d'Appui à l'Agriculture sociale. Elle accueille gratuitement des bénéficiaires porteurs de handicap du Fourneau David - Les Iris, des jeunes suivis par une assistante sociale, à la recherche d'un emploi, un homme en décrochage social, l'Ecole du Nouvel Horizon, le SRJ d'Ethe, le Jardin d'Arlon, Mistral Gagnant ASBL, etc. Zoothérapie, hortithérapie, sylvothérapie, équithérapie, hippotherapie forment son menu thérapeutique.
Les participants venus à la ferme pratiquent la découverte de la nature, la psychomotricité et le sport avec moniteur Adeps, autour du cheval. Soit des activités sportives, pédagogiques, artistiques et thérapeutiques continues ou ponctuelles. La pédagogie est encadrée par Accueil Champêtre Wallonie et vise à présenter l'agriculture comme un des socles de notre société. Parmi d'autres activités, anniversaires à la ferme, activités pour écoles, stages à la ferme et en forêt, groupes hebdomadaires Tous paysans, cours d'éthologie animale, équitation. éducation à l'environnement, école du dehors, accueil touristique.

« On gère aussi 50 ha de réserves de haute valeur biologique dans toute la commune virtonaise, en plus de nos terrains agricoles propres et de 60 ha de forêts et d'étangs, notamment dans la vallée de Laclaireau », commente Natacha Peignois. Le Cheval du Vent a par ailleurs obtenu un beau subside dans le cadre de l'appel à projet « Forêt résiliente », qui a permis de planter 2400 pins de Corse et 1250 chênes sessiles, en sus de nombreuses haies et arbres fruitiers greffés avec des greffons issus des variétés anciennes du Pommier de Latour, dans un esprit de sauvegarde.
« On vit dehors, cela facilite l'apprentissage et le bien-être, mais le fait d'avoir pu gagner notre combat pour pouvoir construire ferme et manège nous a drôlement soulagés, hommes et animaux, car c'était jusqu'alors pénible durant les mauvaises périodes climatiques et pour conserver le fruit de la fenaison. Dommage d'avoir perdu tant de temps alors qu'on avait tout fait pour viser l'intégration paysagère. »
Si la ferme propose une palette énorme d'activités et de stage, elle n'offre par contre aucune possibilité de logement sur place. Mais elle y songe à terme, ce serait un plus.
Contrairement à ce que certains pensent encore trop souvent, le Cheval du Vent n'est donc pas qu'un manège, loin s'en faut. Ce manège n'est qu'un point dans un vaste projet dont je viens de vous dessiner les grands contours mais sans tout citer tant les objectifs et réalisations sont multiples et en construction continue. Affaire à suivre !
Jean-Luc BODEUX
